jeudi 6 janvier 2011

Archive - "Bullets" (Live On One Shot Not) : Émotionnellement inquiétant...



Il y a quelques jours, partageant avec vous l'émotionnellement éprouvant "Roads" de Portishead, je vous parlais de ces groupes sans lesquels le trip-hop ne serait rien : J'évoquais ces précurseurs "bristoliens" que sont Massive Attack et ( - donc - ) Beth Gibbons et ses acolytes de Portishead. Mais, si je ne devais en citer qu'un, mon coeur me pousserait sans aucun doute vers ceux qui m'ont fait plonger dans cette mouvance musicale... Archive. C'est par le plus grand des hasards qu'il y a quelques mois de cela, après qu'on me l'ait conseillé maintes fois, ce nom a fini par raisonner ma curiosité et m'a conduit à me pencher sur l'oeuvre de ces britanniques menés par Darius Keeler et Danny Griffiths. Devenu l'une de mes références musicales majeures, Archive "risque" de faire l'objet de nombreuses publications de ma part, c'est pourquoi je ne m'étalerai pas de trop sur leur parcours tout à fait singulier ; je me contenterai simplement aujourd'hui de vous dire ce qui en fait l'originalité : Si Archive repose depuis sa création en 1994 sur le duo Keeler / Griffiths aux claviers et samples, le reste du line-up a subi plusieurs changements ayant profondément marqué l'évolution musicale du groupe dont la créativité n'a jamais alors réussi à s'épuiser : Si les deux premiers albums ( - "Londinium" et "Take My Head" - ) s'inscrivent dans une lignée trip-hop parfaitement puriste grâce aux voix de Roya Arab ( - remplacée ensuite par Suzanne Wooder - ) et de Rosko John, les deux suivants ( - "You All Look The Same To Me" et "Noise" - ) prendront une tournure plus alternative et progressive, voire même populaire, avec le chanteur Craig Walker. Enfin, depuis 2006 et l'album "Lights", Archive semble avoir gagné sa stabilité et s'être maturément trouvé avec l'arrivée de David Penney ( - en remplacement de Walker - ) et, surtout, l'introduction de Pollard Berrier, vocalement plus atmosphérique, symbole de cette nouvelle ère "Archivienne" progressive ; notons par ailleurs la venue d'une nouvelle femme dans le groupe, Maria Q, et le retour du rappeur de la première époque, Rosko John. Si Archive peut vous sembler être une véritable "famille recomposée" et vous laisser dubitatif sur ce point, je vous assure pourtant que le combo n'aura jamais perdu son âme, gravitant autour de Darius Keeler et Danny Griffiths depuis maintenant seize ans. Aussi, sa nouvelle formation à quatre voix lui permet de continuer de faire évoluer le trip-hop à leur façon, comme ils l'ont toujours fait ( - et comme en témoignent les derniers albums "Controlling Crowds" et "Controlling Crowds Part IV" sortis en 2009 - ), ceci en se permettant même d'être nostalgiques et de faire survivre leur héritage... Je meurs d'envie de vous faire écouter des titres comme "Last Five", "Londinium", "Skyscraper", "You Make Me Feel", "The Way You Love Me", "Again", "Numb", "Goodbye", "Noise", "Fuck You", "Pulse", "System", "Fold", "I Will Fade", "Controlling Crowd", "Bullets", "Collapse / Collide", "Bastardised Ink", "Kings Of Speed", "Pills", "The Empty Bottle"... et BIEN D'AUTRES ! Toutefois, il m'a fallu faire un choix, et ce dernier m'est apparu évident... ou presque : D'abord décidé à partager "Lights", extrait de l'album du même nom, selon moi l'une des pièces maîtresses du groupe, je me suis rendu compte qu'il n'existait aucun lien suffisamment représentatif de ce morceau. Titre de 18'29'' dans sa version originale, c'est lui qui m'a fait découvrir et aimer Archive. Il y avait bien cette version enregistrée à La Foire Du Trône le 14 Avril 2006 par les caméras de "Concerts Sauvages" de France 4, mais le concept fabuleux et troublant de filmer ce live dans un univers de fête foraine a été terriblement gâché par le journaliste derrière la caméra qui a fait l'erreur d'entrecouper la prestation de commentaires recueillis auprès des gens, commentaires tous plus inutiles les uns que les autres... Aussi, cette "lente et parfaite procession cacophonique" de mille-cent-neuf secondes dans laquelle la voix de Pollard Berrier se mêle comme un déchirement doit s'écouter dans son intégralité ; or, les différentes vidéos disponibles ont opéré des raccourcis, un véritable sacrilège... C'est pourquoi voici "Bullets", extrait de "Controlling Crowds" sorti en 2009, sans aucun doute une autre de leurs pièces maîtresses, le second morceau m'ayant fait découvrir et aimer Archive... Très représentatif de cette nouvelle ère dont je vous parlais, "Bullets" est une excellente démonstration de la capacité du groupe à nous tirer progressivement et subtilement vers eux au fil d'un morceau pour finir par nous bousculer violemment. Cette piste est aussi une "lente et parfaite procession cacophonique", mais cette fois, la voix de Pollard Berrier ne s'y noie pas comme dans un déchirement ; elle est tranchante et imperturbable. De la même manière que je qualifiais "Roads" de Portishead comme étant émotionnellement éprouvant, je dirai cette fois que "Bullets" est émotionnellement inquiétant, et c'est tout le bien que je vous souhaite à l'écoute de ce morceau, dans une version enregistrée lors du passage du groupe au "One Shot Not" de Manu Katché sur Arte... Enjoy ! V.

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